Rennes, ville d’histoire… postale !

Didier Andrivon, ARP

(article paru dans la plaquette de l'Exposition Régionale de Betton, organisée en 2007 par l'ARP)

 

Bien souvent, la géographie dicte l’histoire. Ceci est vrai pour l’histoire postale de Rennes, largement influencée par l’emplacement territorial de la grande métropole bretonne. C’est à sa situation géographique que Rennes doit son importance politique et sa dominance régionale, qui sont elles mêmes à l’origine de la croissance de son trafic postal. C’est à elle encore qu’elle doit son rôle de nœud de communication entre la Bretagne et Paris, et donc la présence d’un bureau de passe. C’est à elle toujours, loin du front et proche de la mer vivifiante, qu’elle doit l’implantation de nombreux hôpitaux militaires durant la Grande Guerre. Un article aussi bref que celui-ci ne saurait donc avoir l’ambition de retracer l’immense richesse de l’histoire postale de la capitale bretonne. Il n’en évoquera que quelques pépites, en incitant le lecteur curieux à se plonger dans le travail d’érudits de deux anciens de l’ARP1, aujourd’hui disparus, et le collectionneur à compléter par quelques beaux plis l’échantillon fort réduit présenté ici.

 

La première marque postale ‘Rennes’

La desserte de la Bretagne par les routes de Poste fut tardive : en effet, la carte des routes de poste de 1632 montre qu’aucune d’entre elle n’achemine le courrier vers notre région, quand de nombreuses parties du royaume sont desservies de manière régulière. Ceci est sans doute pour une bonne part dû au statut particulier de la Bretagne, véritable Etat dans l’Etat, et au soin jaloux qu’apportait le Parlement à préserver ses particularités. La date d’ouverture du premier bureau de la poste aux lettres à Rennes reste discutée, mais se situe entre 1638 et 1644. Toutefois, durant encore 30 ans, le transport du courrier resta effectué principalement par les anciens messagers, protégés par le Parlement, plutôt que par la poste royale.

Ce n’est qu’en 1695 qu’apparaît la première marque au tampon de Rennes. Il s’agit du ‘petit Rennes’ des marcophiles, qui ne servit que trois ans et est donc aujourd’hui une rareté.

 

Le ‘Petit Rennes’ – frappe sur lettre pour La Haye ( 1695) ; taxe à 17 sols - tarif de 1676, soit 4 sols de Rennes à Paris, 6 sols de Paris à Lille et 7 sols de Lille à La Haye..

Coll. Musée de la Haye ; source iconographique San Geroteo & Bernadas, 1979

 

 

 

Le chemin de fer et le bureau de passe de Rennes

Si le déploiement du service de la Poste aux lettres vers la Bretagne avait été lent, le chemin de fer desservit assez tôt la capitale bretonne. En effet, le premier train arriva à Rennes en 1857, et les bureaux ambulants comme les services de convoyeurs se développèrent immédiatement. Ainsi, le bureau ambulant Paris à Rennes fut créé le 19 Mars 1856 ; limité initialement à Laval, il desservit Rennes dès le 1er Mai 1857.

Rennes fut également dotée rapidement d’un « bureau de passe » : ce bureau avait pour fonction de trier et d’expédier vers les bureaux destinataires les plis contenus dans les dépêches apportées par les bureaux ambulants, et de préparer les dépêches destinées aux ambulants. Comme ses homologues d’autres villes de province, ce bureau fut doté d’un timbre à date portant sur sa couronne le seul numéro d’ordre de sa ville, dans la nomenclature des Gros Chiffres de 1863, à savoir le 3112 de Rennes. Il le frappait au verso des plis manipulés.

Enfin, la capitale bretonne se trouva au centre d’un réseau fourni de services de convoyeurs, qui apportait au bureau rennais le courrier collecté sur les lignes secondaires. Les convoyeurs n’ayant, jusqu’en 1876, pas le droit de contrôler eux-mêmes les affranchissements et donc de les valider par l’oblitération des timbres-poste, cette opération était en effet effectuée par le bureau du terminus de la ligne.

 

Timbre à date de convoyeur station (Dol de Bretagne, ligne Rennes St Malo)  sur lettre de Dol pour Bort (Corrèze) oblitération du timbre poste par le losange Gros Chiffre 3112 de Rennes, lors du transit.

Coll. D. Andrivon

 

 

Les hôpitaux militaires de la Grande Guerre

Loin du théâtre des opérations militaires, mais dotée d’une administration solide et de nombreux bâtiments publics, Rennes était un lieu de choix pour implanter certains des services sanitaires extraordinaires qu’exigeait le traitement des nombreux blessés. C’est ainsi que la ville hébergea pas moins de 38 formations sanitaires (hôpitaux complémentaires, hôpitaux annexes et hôpitaux temporaires) durant la Grande Guerre. Ces formations, bénéficiant de la franchise militaire, disposaient de timbres de franchise très variés.

 

Griffe linéaire des services de santé militaire  sur carte postale en franchise de Rennes pour Châlons sur Marne (1915)  provient probablement de l’Hôpital Complémentaire n° 5, qui occupa la Faculté de Lettres d’Octobre 1914 à la fin de la guerre.

Source iconographique San Geroteo & Bernadas, 1979.

 

 

 

Pour en savoir (beaucoup !) plus, n’hésitez pas à consulter

F. San Geroteo, Général C. Bernadas 1979. Histoire postale de la capitale de la Bretagne. Editions Herbinet, Rennes, 327 p.